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Texte de juin

Autoportrait d’un autre

Dans mes souvenirs d'enfant
Il y a cet homme étonnant
Encadré dans un bois brillant patiné
Cet homme semble me regarder
Depuis sa fenêtre enchâssée
Pas vraiment séduisant, plutôt déconcerté
Tous ces points colorés comme autant de bacilles
Font vriller mes yeux et battre mes cils
Est-ce que je regarde un homme ?
Ou un rayon de lumière d’automne ?
Ou bien est-ce son âme profonde
Au travers du voile du monde ?
Il sourit je crois, mais ça dépend des fois
Ses yeux tristes et perdus
Cherchent une réponse éperdue
Me demande-t-il conseil
Pour trouver amours et merveilles ?
Ou simplement est-il là
Pour toujours même après trépas ?
Ses cheveux bien plaqués
Sur sa tête marron doré
Dans la palette des rayons du jour
Semblent parler de désamour
Sa barbe courte et mal taillée
Sur une mâchoire mal dessinée
Aux os saillants, aux joues creuses, affamées
Et ce col non fermé, comme un appel à la liberté
À la vie par-delà son apparente immobilité
Une veste marron ou bleue, selon
Rêves et souvenirs se mélangent les pinceaux
Des couleurs des différents tableaux
Un bandeau sur un morceau d’oreille restant
Ou parfois un drôle de couvre-chef étonnant
Un homme à la fois changeant
Enchâssé et immuable pourtant
Car qu'importe le visage et ses traits
Qu'importe ses vêtements et intérêts
Son attitude ou son profil
C'est l'émotion qui revient, fragile
Entre douceur et nostalgie
Occuper mes heures d’apathie
Entre tristesse et sentiments inachevés
Entre solitude et peur d'aimer
Ses yeux, profonds de sincérité
Happés par des pensées si colorées
Comme absent de son propre tableau
Comme présent dans un autre berceau
Il me fixe sans me voir
Absorbé dans son propre miroir
Il semble contempler l’intérieur
De son monde foisonnant sans rigueur
Juste un instant, hors du présent
Où je me noie dans la peinture
Dans l’œuvre qui par nature
M’emmène loin de moi, et si près à la fois
Une danse entre couleur
Chaleur, douleur, douceur, aigreur
Au passage d’une fugace sensation
À peine une seconde, un frisson
Et les souvenirs qui soudainement s’estompent
La réalité qui remonte sans décompte
Seule ma rétine garde l’impression
D’un tableau d’une bancale perfection
Sortie tout droit d’un intense dialogue
Avec Maître Vincent Van Gog…

Anne-Flore

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