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Texte de mai

Vibre-hante

Si j’étais autre chose que moi
Je serais sans doute un gros chat
Ou mieux encore, une moustache de chat
Moustache blanche sur pelage noir
Tranchant la profondeur du regard
Menant le matou par le bout du nez
Donnant du messire et du s’il-vous-plaît
La vibrisse qui s’hérisse dans le danger
Celle qui attend patiemment que passe les vents
Et qui ose s’aventurer toujours en premier
Dans chaque histoire, sur chaque passant
Celle encore qui tomberait un soir venant,
Sans plus d’attention de mon matou
Sans une douleur, sans un courroux
Encore là, posée, déposée sur une joue,
Sur un carrelage fin ou un petit coussin
Sur un lit bien douillet de laine ou bien de lin
M’accrochant encore et encore à l’espoir
De vivre cent mille autres histoires
Encore un souffle pour me porter
Ou un frottement pour m’emporter
Un peu plus loin, un peu moins près
Dans une grande plaine ou une forêt
J’y caresserai les plumes d’oiseaux étonnés
Ou encore les poils de biches déconcertées
Je pourrais ainsi voyager de dos en pattes
De brise en zéphyr sans aucune hâte
Et comme les papillons découvrir le monde
Et encore l’air, le feu, la terre et les ondes
Je serais libre de tout pleinement ressentir
Tous les plus grands et les petits des plaisirs
Toutes les lourdes peines qui tant animent
Et les vastes tragédies qui tout enveniment
Voir les grands puissants plier et tomber
Au bout d’un siècle ou de quelques années
Sourire avec les humbles et les petits
Courir dans leurs demeures et leurs soucis
Aussi, je discuterais avec l’Amour
Celui qui Est grand encore et toujours
J’apprendrais de lui surtout à contenir
Peur haine et mauvais souvenirs
Je lirai la joie dans les yeux enfantins
Et les simples bonjours des petits matins
Et encore encore après je chatouillerai
De ma dure texture tous les trop discrets
J’irai gravir les plus hauts des sommets
À dos de Yack de Yéti ou de Sherpa
Puis au plus profond de l’océan je plongerai
Dans les fosses marines où je resterai là,
Quelques instants seulement, pour observer,
Pour apprendre, découvrir et compter
Toutes les merveilles qui y sont cachées
Et Encore bien après je m’accrocherais
Sur des écailles de thon, de saumon ou de raie
Je resterai plantée ici, le temps qu’il faut
Pour attraper au vol l’aileron d’un dos
Dauphin ou requin, encore plus loin
M’emmèneront un bout de chemin
Puis le goéland ou la mouette à son tour
Me guidera tout le long d’un jour
Avant de me reposer un peu fatiguée
Dans le sable blanc sous un ciel d’été
Encore un pied, une main, une peau
Pour m’entrainer peut-être loin du chaud
Encore des rencontres, encore mille vies
À découvrir encore, en nuances, sans gris
Le froid, le gel aussi présent, je veux
Que l’arc en ciel ou le soleil radieux
Encore tant de larmes et plein de rires
Encore des émotions à vivre et en mourir
Détachée pour toujours de mon maître
Je continuerai juste, simplement, à être…
Je serai rassurée d’avoir pour l’éternité
De quoi apprendre et m’amuser
De quoi jouir, pleurer et espérer
Car rien dans ce monde n’est plus doux
Car rien ici-bas ne vaut le coup
S’il n’est pas vécu passionnément
Sans avoir peur d’y perdre son temps…

Anne-Flore
30/01/25

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